Dimanche de Pâques
Pasteur Roger Foehrlé

Accueil
 

Au matin de ce jour,

nous voulons célébrer le passage de la mort à la vie :

le Christ est ressuscité!

Pâques, premier jour de la création nouvelle !

Le Christ se tient au milieu de nous et nous dit :

« La paix soit avec vous ! »

 

 

Psaume 118
 

Rendez grâce à notre Dieu car il est bon !

Éternel est son amour !

Ma force et mon chant, c’est notre Dieu,

Il est pour moi le salut !

Clameurs de joie et de victoire,

Le bras de Dieu est fort !

Je te rends grâce car tu m’as exaucé !

Voici le jour que fit notre Dieu :

Qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

 

Demande de pardon
 

Aujourd’hui nous célébrons ta victoire de Ressuscité,

mais la mort nous tenaille encore.

Nous adorons un Dieu vivant

mais nous ne faisons pas toujours  ce que tu nous demandes.

Nous prétendons te suivre

Mais nous craignons d’aller là où tu nous conduis.

Nous te demandons pardon !
 

Paroles de pardon

En la résurrection du Christ,  une vie nouvelle nous est offerte, libérés du poids de notre péché, chantons  nos remerciements !

 

 

Lectures de ce jour :

1er Texte :  Marc 16 1-8
 

16.1 Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus.

16.2 Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever.

16.3 Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre?

16.4 Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.

16.5 Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées.

16.6 Il leur dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis.

16.7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.

16.8 Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.
 

 

2e Texte : Luc 24 13-32
 

24.13 Et voici, ce même jour, deux disciples allaient à un village nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades;

24.14 et ils s'entretenaient de tout ce qui s'était passé.

24.15 Pendant qu'ils parlaient et discutaient, Jésus s'approcha, et fit route avec eux.

24.16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

24.17 Il leur dit: De quoi vous entretenez-vous en marchant, pour que vous soyez tout tristes?

24.18 L'un d'eux, nommé Cléopas, lui répondit: Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci? -

24.19 Quoi? leur dit-il. -Et ils lui répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple,

24.20 et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l'ont livré pour le faire condamner à mort et l'ont crucifié.

24.21 Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées.

24.22 Il est vrai que quelques femmes d'entre nous nous ont fort étonnés; s'étant rendues de grand matin au sépulcre

24.23 et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leurs sont apparus et ont annoncé qu'il est vivant.

24.24 Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont point vu.

24.25 Alors Jésus leur dit: O hommes sans intelligence, et dont le coeur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes!

24.26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire?

24.27 Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait.

24.28 Lorsqu'ils furent près du village où ils allaient, il parut vouloir aller plus loin.

24.29 Mais ils le pressèrent, en disant: Reste avec nous, car le soir approche, le jour est sur son déclin. Et il entra, pour rester avec eux.

24.30 Pendant qu'il était à table avec eux, il prit le pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna.

24.31 Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux.

24.32 Et ils se dirent l'un à l'autre: Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?

                                            

 

Prédication
 

Chers frères et sœurs en Christ,

            Nous allons faire ce matin un peu de théologie...

            Houla ! J'en vois qui se disent : "oh non pas ça".

            Mais, comprenez-moi, la religion fait beaucoup la morale, c'est bien (ou pas) mais, concernant la théologie qui est un discours articulé et logique sur Dieu, elle se laisse souvent aller. Se laisse aller comme s'il n'y avait rien à discuter. Elle affirme ! Comme s'il n'y avait aucun préalable.

            Nous allons faire ce matin un peu de théologie... Mais pas tout de suite, car il n’y a pas de théologie sans ce qu'on appelle un contexte d’énonciation, et le contexte aujourd'hui, c'est Pâques. Et nous sommes là ce matin pour fêter Pâques, donc pour qu’on nous prêche Pâques ! 

            D'abord, nous sommes aujourd’hui en meilleure situation pour comprendre l'humeur de  cette femme,  Marie de Magdala,  qui va au tombeau. Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine vient au tombeau dès le matin, alors qu’il fait encore sombre, et elle trouve le tombeau vide. Car la vie est revenue, une vie nouvelle, non plus celle faite d'accumulations et de successions  comme celle de la vie de Marie de Magdala,  c'est la vie pleine, autrement dit, la vie éternelle, autrement dit, la vie qui se moque de la mort et plus précisément qui se moque de la mort comme institution. Comme institution de la peur, comme institution de la loi, comme institution de la vengeance, comme institution de la lâcheté, comme institution du pouvoir.

            Dieu a vaincu la mort, nous répète- t- on depuis 2000 ans chaque année. Encore faut-il savoir de quoi on parle, connaître en quoi cette affirmation pourrait nous être plus qu'utile, mais salvatrice, pour nous conduire à percevoir, en ce matin de Pâques !

            C'est là, chers frères et sœurs, qu'il faut faire (un peu) de théologie.

            Dieu, parce qu'il faut bien le nommer par un nom qui n'est sûrement pas le sien,  Dieu n'a pas inventé la mort.

            Pourquoi ? Parce que "la mort", c'est un concept. Dieu, dans ce que la Bible raconte de sa faculté de créer, a établi un monde sans concept : un monde qui se prolonge de lui-même, un monde qui est un moment permanent et éternel, un monde de transformation, où le jour succède à la nuit, où les générations succèdent aux autres,  un monde qui n'a pas besoin d'être découpé en rondelles de concepts, en époques, en ères, un monde qui n'a pas besoin non plus d'être découpé en territoires.

            Dieu par sa parole a créé un monde qui n'est pas un monde du langage. Il a créé un monde généreusement libre et sans rupture. Et celui qui a créé la mort, qui l’a inventée : c'est l'humain, cet être langagier, conceptuel, classificateur.

            Certes, avant cette invention les générations passaient, mais elles passaient dans le cycle des transformations de ce « tout » créé par Dieu.

            Adam et Eve, chassés du Jardin sont tombés de haut, du haut de leur naïveté peut-être, du haut de leur enfance, peut-être, du haut de leur noblesse animale : animal, qui habité par une âme (anima) vit son existence sans le concept, et donc sans angoisse. Peurs, oui, nombreuses dans la mesure de sa capacité à la ressentir, mais sans angoisse, car pour lui, tout se fait dans une éblouissante évidence et clarté.

            Nos deux cerveaux, celui d'Adam et celui d’Ève se sont mis à essayer de conceptualiser et ils ont, très rapidement inventé des concepts : la nudité, la honte, le travail et un tas d'autres concepts et aussi celui de la mort. Un de leurs fils, le bien nommé Caïn, « celui qui acquiert », a mis en application immédiate ce nouveau concept de mort et a commis le premier meurtre, et en plus celui de son frère, générant donc l'histoire - à laquelle tout le monde a cru - et mise en pratique - d'une humanité essentiellement fratricide. On va dire institutionnellement fratricide.

            Alors à Pâques, on vous raconte que Dieu a vaincu la mort. Et on vous laisse là, on vous laisse repartir dans vos routines. Eh bien quoi ? Vous n'y croyez pas, puisque la mort est toujours là, bien conjuguée : « Je meurs, tu meurs, il meurt, nous mourrons, vous mourrez, ils meurent. »

            Mais écoutons ce que Jésus (encore incognito) dit aux pèlerins qui le rencontrent sur le chemin. Il leur dit essentiellement : que vous êtes stupides ! Et à bon droit d'ailleurs, car ces deux pèlerins se sont préalablement un peu moqué de lui en lui disant : "Comment ? Es-tu le seul qui, tout en séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce qui s’y est produit ces jours-ci ? " .

                        Oui, en fait, si ça se trouve, il était le seul à ne pas le savoir, peut-être à ce moment-là,  était-il le seul à l'avoir vécu.

            Eux n'ont rien vécu. Ils essaient de comprendre.

            Que vous êtes stupides ! Que nous sommes stupides !

            Jésus a pris conscience très tôt de la situation dans laquelle se trouvaient les humains. Ils s'étaient fait posséder. Tous. Leurs existences étaient enfermées dans  des frontières invisibles. Il y avait les purs et les impurs, il y avait les choses impures et les choses pures, il y avait des conditions dont on ne pouvait jamais sortir, femmes, esclaves... il y avait des hommes qui disaient ce qu'il fallait faire et qui punissaient quand on le faisait mal, il y avait un envahisseur romain, avec une armée on ne peut plus cruelle et son art de la taxation généralisée. Mais il y avait aussi une des Écritures inspirées dont Jésus ne se résignait pas au fait qu'elles puissent être réservées à l'interprétation de quelques-uns. Ces Écritures faisaient crier des prophètes, déversaient des flots sur des méchants, libéraient des esclaves, fécondaient des femmes stériles, faisaient rendre compte à tous qui abusent du pouvoir, pouvoir qui leur avait été donné, mais ils n’avaient pas la moindre dignité pour l'exercer.

            Et tous ces pouvoirs avaient une amie commune, un concept commun : la mort. Si tu dépasses cette limite, tu mourras, si tu ne fais pas cela tu seras mis au ban de ton groupe et ce sera une forme de mort pour toi, si tu te révoltes contre les Romains, tu es mort, si tu parles, interprètes, si tu penses, la mort s'approchera de toi.

            Mais voilà, Jésus avait du courage. Les pèlerins d’Emmaüs s’en rendront enfin compte : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait le sens des Écritures ?

            Le pouvoir romain a fait son travail, il a mis celui qui étant identifié comme un rebelle, sur un poteau.

            Mais ce qui est dit, c'est que l'institution de la mort, sur laquelle se base toute forme de pouvoir a été, en ce jour de Pâques, mise à nue et moquée.

            Dans la Pâque juive, le pouvoir du pharaon est ridiculisé, moqué. Dans la Pâque chrétienne, l'éternel ballet des exécutions est dévoilé, le pouvoir s’était bâti sur la mort, et Jésus  a dévoilé l'illusion, il a tué la mort et le pouvoir a été mis à nu.

            Ce que les pèlerins d’Emmaüs ont encore du mal à saisir, comme nous d'ailleurs.

            Dieu n'a pas inventé la mort. Il a contemplé, effaré, ce que l'humain a fait de ce qui n'était rien d'autre qu'un des principes de la régénération permanente de sa création et la possibilité ouverte par une existence individuelle d'apercevoir sa beauté. Dieu a donné la vie pour le bonheur de la vivre, et l'humain a instrumentalisé la mort pour mettre en esclavage ses semblables, en tirer du profit, de l'honneur, de la gloire et de l'argent. Et tout cela dans un grand consentement généralisé.

            Mais l'homme courageux a fini par tuer le pouvoir de la mort.

            Le tombeau, point d'arrivée pour tout le monde, devient un point de départ. " Allons, recommençons encore une fois ".

            Que celui qui a des oreilles entende ! a dit Jésus.

            Et que celui qui a des yeux, comme a dit aussi  Jésus, voit !

            (Pensons maintenant à la Sainte Cène que nous ne pouvons célébrer aujourd’hui) 

            Qu’il voit courageusement dans cette coupe partagée, non pas du vin, non pas du sang d'une victime de plus, mais la vie qui circule désormais dans la nouvelle création, nouvelle parce que l'inventivité cruelle des hommes a été enfin mise à nue.

            Qu’il voit courageusement dans ce pain partagé, multiplié, le fruit du vrai travail des hommes, non pas un bien de consommation exploité par des grands céréaliers rivés à la courbe de leurs dividendes,

            Voilà. Frères et sœurs, c'est Pâques. Le message est clair. Le pouvoir de la mort est désormais nu. C'est la fin de l'illusion. Vous êtes appelés à trouver le courage. Vous êtes dans cette vie éternelle. Vous êtes cette création éternelle du Dieu vivant. Vous êtes appelés à partager votre vie neuve dans toutes vos rencontres et vous mettrez fin au pouvoir mortel  de la haine, du  manque de pardon, de la moquerie, du désespoir, de  la violence qui nous entourent.

            Que la joie de Pâques vous illumine et vous fasse vivre !

            AMEN

 

Prière d’intercession

Ô Christ ressuscité,

Tu as accompagné, sur la route d’Emmaüs les disciples en proie au doute :

soutiens tous les chrétiens en marche dans ton Église,

et reste avec eux au temps de l’épreuve.

Tu es venu à la rencontre des disciples lents à croire :

avive en nous la foi afin que nous proclamions au monde  que tu es vivant.

Tu es venu à la rencontre des disciples lents à croire :

avive en nous la foi afin que nous proclamions au monde, par nos actes,

que  tu es vivant.

Tu t’es fait reconnaître des disciples aveuglés par leur peine,

ouvre nos cœurs pour que nous reconnaissions partout ta présence

dans le monde, dans celles et ceux que nous rencontrerons ici et ailleurs !

Tu as emmené au bout de leur quête les disciples en chemin :

fais de tout croyant un pèlerin au cœur brûlant.

Ô Christ, tu te présentes à nous quand nous t’attendons le moins,

au cœur de nos déceptions aide-nous à proclamer : Oui, c’est vrai,

Christ est ressuscité !

Prions pour toutes nos intentions personnelles et particulières …

Notre Père …..

Envoi

Avec un regard nouveau, je vous envoie dans le monde,

Auprès de vos sœurs, de vos frères, de votre prochain,

De l’homme blessé sur le bord de la route,

De la femme à bout de forces et de l’enfant meurtri.

Avec confiance, je vous envoie dans le monde

Bénédiction

Le Christ ressuscité vous bénit et vous garde.

Il fait de vous des enfants de lumière.

Il vous accorde sa grâce à jamais.

Qu’il en soit ainsi !

 

                                     À TOUTES ET À TOUS :          

                            BÉNIES FÊTES DE PÂQUES !