Claudine Hornung

 

 LUC 2, 25 à 35

 Version Louis Segond 

 

25 Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui.

26 Il avait été divinement averti par le Saint Esprit qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur.

27 Il vint au temple, poussé par l'Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu'ordonnait la loi,

28 il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit:

29 Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S'en aller en paix, selon ta parole.

30 Car mes yeux ont vu ton salut,

31 Salut que tu as préparé devant tous les peuples,

32 Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d'Israël, ton peuple.

33 Son père et sa mère étaient dans l'admiration des choses qu'on disait de lui.

34 Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction,

35 et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées. »

 

 

La confiance de Siméon
 

Il paraît qu’autrefois dans la paroisse huguenote l’usage était de clore chaque culte par l’invocation de Siméon ; à la fin des cultes de mon enfance retentissait aussi toujours le cantique « Seigneur tu me permets de m’en aller en paix. Tu as tenu ta promesse, car de mes yeux j’ai vu resplendir le salut que j’attendais sans cesse » [Alléluia 14.05]

Voici un très beau texte, qui se présente comme un tableau mais est aussi porté par le souffle de la prophétie. Il nous parle de confiance, de promesse et surtout de promesse réalisée. Que nous dit ce texte de la confiance ? Comment oser la confiance en Dieu ?

 

Quelle scène  émouvante! Les parents de Jésus ont fait le chemin depuis leur village pour présenter leur petit enfant non pas à des personnes éminentes mais à deux vieillards Siméon et plus tard Anne. Ils font preuve d’un zèle touchant en s’acquittant de la responsabilité que Dieu leur a confiée, ils sont fidèles à la loi. Ils sont si pauvres qu’ils ne peuvent apporter comme offrandes que deux pigeons. Mais bien vite ils disparaissent au second plan et le récit se centre alors sur Siméon que l’on voit tout à coup au premier plan avec le nourrisson dans ses bras. Un très vieil homme se penche sur l’enfant dont il sait qu’il est la promesse de Dieu, celui dont va jaillir la lumière non seulement pour Israël mais pour tous les peuples. Dernier prophète de l’Ancien Testament avec Zacharie, Siméon a la vision de la mission libératrice de Jésus.


 Pourquoi Syméon est-il là dans le Temple ? Syméon –dont le nom veut dire celui qui entend, celui qui écoute- est là parce que Dieu voulait qu’il y soit. Syméon est dans la continuité du prophète Esaïe 40 qui proclame la libération d’Israël et la gloire du Seigneur. Syméon est là parce que Dieu  l’a poussé en cet endroit où il pourrait voir la réalisation de la promesse de connaître l’arrivée du Messie avant sa mort. On lit dans la Bible de nombreuses promesses de Dieu, promesse de Dieu à Abraham (une descendance nombreuse lui sera assurée), à Esaïe . Et il avait été révélé à Syméon qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur (verset 27). L’espérance a donc été mise en lui, elle l’a maintenue en vie jusqu’à présent. Rien ne compte que cette espérance, Syméon sait que par son Seigneur, celui qu’il tient dans ses bras passe la rencontre avec Dieu. Luc écrit ces lignes bien après la destruction du temple par les Romains en 70 ; par cet épisode Luc leur dit  : « ne pleurez pas, le nouveau temple, c’est Jésus. C’est par Lui que vous pouvez dorénavant être en communion avec le Père, vous réconcilier avec Lui. Nous entrons dans le Nouveau Testament, dans l’Evangile de la nouvelle Alliance ».

 

 Cette révélation va coïncider avec la mort prochaine du prophète. Dédramatisée : la mort ne peut plus rien, puisque la paix l’a envahi, il a vu le salut. Plus forte que sa propre mort est la certitude que s’ouvre avec Jésus un immense développement, un temps nouveau, celui des siècles de la Chrétienté mais aussi des ennemis de la Chrétienté (« un signe contesté »).

Que retenir de ce texte ? D’abord que comme Syméon nous devons nous laisser guider par l’Esprit, faire taire en nous les autres voix, celle de l’ambition, de l’argent, du pouvoir, toutes ces voix qui nous empêchent d’entendre. Peut-être le temps du confinement est-il une chance pour mieux entendre la voix de Dieu qui nous parle, qui nous fait voir l’essentiel. Même si les jours sont sombres et les chiffres de la pandémie inquiétants, il nous faut oser la confiance. Nous aussi nous pouvons voir le salut comme ce vieil homme qui a attendu pendant des décennies, est resté fidèle malgré les obscurités de la vie, fidèle à cette foi qui n’est pas une simple croyance mais une confiance si forte qu’elle lui fait dire : « j’espère et je sais ». Seules l’assurance de Son amour et de Son pardon peuvent nous donner la paix.

 

Nous ne sommes pas des prophètes, nous ne savons rien, nous ne savons pas de quoi demain va être fait, surtout en ces temps de pandémie, mais sans la confiance que Dieu nous accompagne, nous risquons de sombrer dans le désespoir. Cela veut dire quoi : avoir confiance ? Si l’on réfléchit bien, la confiance est au cœur de notre vie : sans confiance il serait difficile d’envisager les relations humaines, les relations de travail, d’amitié, d’amour. Et nous savons a contrario quelle souffrance entraîne la perte de confiance en quelqu’un. Sans confiance on ne pourrait pas se marier, avoir des enfants, c’est la confiance qui rend possible la sociabilité. Ainsi il faut accepter le risque de croire, oser la confiance dans les promesses de Dieu parce qu’il nous assure tout au long du Nouveau testament de Son amour, de Sa miséricorde, de Son pardon. Certes le chemin de la foi est parfois une longue marche chaotique, « le débat de bien des cœurs, v.35 »  Souvent notre foi vacille, nous préfèrerions avoir des preuves tangibles plutôt que des promesses. Et il est difficile de faire un choix, même si c’est vers l’espérance.

Une question se pose à nous aujourd’hui : cet enfant Jésus, un peu figé dans sa crèche, une fois que la fête est passée, allons-nous le ranger dans un placard ? Ou allons- nous cheminer avec Lui en retenant les paroles qu’Il nous a adressées, quitte à ce que notre vie en soit bouleversée ? Tout se joue au fond de la conscience de chacun, au fond du cœur de chacun, là se décide la capacité à faire le grand saut, le grand choix : à oser la confiance en Dieu.
 

Puissions-nous y parvenir et ainsi aller en paix !
 

Amen

Claudine Hornung