3ème dimanche de Carême
Pasteur Roger Foehrlé

Pendant qu'ils étaient en chemin, un homme lui dit: Seigneur, je te suivrai partout où tu iras.

Jésus lui répondit: Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids: mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où il puisse reposer sa tête.

Il dit à un autre: Suis-moi. Et il répondit: Seigneur, permets-moi d'aller d'abord ensevelir mon père.

Mais Jésus lui dit: Laisse les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de Dieu.

Un autre dit: Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d'aller d'abord prendre congé de ceux de ma maison.

Jésus lui répondit: Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu.

 

 

Chers Frères et sœurs,

Ecoutons ce dialogue, entre deux jeunes, Bernard et Rose,  que j’aurais voulu faire écouter durant notre culte.
 

R : Dis-moi, qui a imaginé ce texte? C'est lourd, non ?

B : Qui ? C'est Jésus-lui-même. Oui, c'est assez radical, c'est bouleversant.

R : Trois personnes qui ont rencontré Jésus. Voyons voir quel genre de personnages ils sont.

B : Ok, essayons !

R  Le premier qui s'approche de Jésus lui dit : « Je te suivrai partout où tu iras ! » Il a dû entendre quelque chose sur Jésus qui l'a fasciné. Dans mon imagination, il s'agit d'une jeune personne.

B : Oui ! Il semble se lancer dans sa propre vie. Il cherche quelque chose : quelque chose de grand, un idéal.

R : Et il ne veut pas faire les choses à moitié, mais quelque chose de consistant, pour laquelle on vit et pour laquelle on fait tout. Mais qu'est-ce qui  l'a fasciné chez Jésus ?

B : Cela pourrait être justement cette liberté et cette détermination. Jésus est très clair dans son attitude. Et ce qui me touche profondément : il ne divise jamais les gens en bons et en mauvais.  Et lorsqu'il s'arrêtait soudainement et regardait une personne pour voir comment elle allait, il n'y avait qu'une seule chose qui comptait pour lui : s'occuper de cette personne sans aucun préjugé ni réticence. Cela doit fasciner un jeune ! Non ?

R : Moi, je vois autre chose : Jésus savait déjà à ce moment-là qu'il n'aurait nulle part où aller sur la terre, que, pour lui,  ce serait très inconfortable : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids: mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où il puisse reposer sa tête. »

B : Peut-être essayait-il de demander au jeune homme : « Sais-tu dans quoi tu t’embarques ? »

R : Voulait-il peut-être l'inviter à prendre une décision de très grande portée : « Viens, avec moi il n'y a pas de certitudes, mais tu trouveras ce en quoi tu crois et où tu pourras en vivre. »

B : Aujourd'hui, nous vivons une époque où la sécurité a une grande importance, même dans notre vie religieuse et familiale.

R : Oui, et il me semble que Jésus oriente ce besoin de sécurité vers la confiance que donne la foi. Et Jésus le savait : il ne lui restait plus beaucoup de temps.

B : Jetons un coup d’œil au deuxième homme que Jésus voulait emmener avec lui. Relisons !

R : Et il dit à un autre : « Suis-moi ». Et il répondit: Seigneur, permets-moi d'aller d'abord ensevelir mon père. Mais Jésus lui dit: « Laisse les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. »

B : Le père venait de mourir. Il s'agit d'une déchirure profonde. Ces gens avaient sûrement la quarantaine. On ne vieillissait pas à l’époque. Et ce chagrin de la perte d’un être aimé a peut-être été aggravé par la question : Pourquoi je vis ? Et pour quoi je veux vivre ?

R : Au milieu de la vie, des questions se posent parfois. La monotonie quotidienne - est-ce ce qu'elle aurait dû survenir, et peut-être encore pour de nombreuses années à venir, toujours le même refrain ?

B : On a l'impression d'être sur la roue d’un hamster, on ne la fait que tourner. La vie quotidienne est complètement dépourvue de joie.

R : Et si on pouvait recommencer à zéro ? Il y a des gens qui marchent dans une vallée très  sombre - et puis soudain ils commencent à vivre ! Quoi qu'il en soit, l'homme en deuil de l'Evangile a trouvé un nouveau sens à sa vie.

B : Cette parole semble quand même choquante : "Que les morts enterrent leurs morts". Enterrer nos morts avec dignité est si important.  N'avons-nous pas appris qu'il faut vraiment du temps pour dire au revoir ?

R : Mais  cette phrase ne pourrait-il pas être plutôt une provocation ? Que Jésus voulait dire : "Lâchez ce qui vous retient, recommencez avec moi" ? Le passé est souvent accablant. Mais Jésus a toujours vu ce que peut devenir une personne, ses potentiels à exercer, sa soif de création ? Et si Jésus nous regardait ainsi ?

B : Comme un être plein  de promesses ?

R : Voyons le cas de la troisième personne. Je relis : Et un autre dit : "Seigneur, je vais te suivre, mais permets-moi d'abord de dire au revoir à ceux qui sont dans ma maison. Mais Jésus a dit : « Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu. »

B : Il me semble qu’on a affaire avec un  petit agriculteur. Il a l’air de quelqu'un qui s'y connaît en labour.

Jésus lui dit : "Regarde devant toi, avec moi il y a quelque chose à labourer, on prépare le terrain ici - pour rien de moins que le Royaume de Dieu !

R : J'imagine que Jésus a voulu donner aux gens le pouvoir de prendre une décision à cette époque de leur vie. Une décision qui affecte en profondeur leur vie, là où se trouve la question : A qui dois-je confier ma vie ? Pour quoi vais-je vivre ?

B : Et cela est difficile pour beaucoup d'entre nous ! Comme cet homme simple, chacun de nous doit trouver le chemin par lui-même. Souvent, nous reportons la décision finale parce que nous ne savons pas ce qu'il en est.

R : Mais peut-être qu'il ne faut pas plus que le cri de Jésus : « Viens ! Tu ne sauras jamais tout ce qui pourra se passer. Implique-toi  dans ce qu'il t’est montré à travers l'évangile. C'est suffisant. »

B : Je suis toujours étonné de voir comment Jésus a commencé avec ces personnes qui étaient comme elles étaient : un petit fermier, un homme en deuil, un jeune homme en recherche. Et ce qu'il en est advenu dans le monde entier ! Le royaume de Dieu va devenir visible à travers eux.

R : Oui, le royaume de Dieu devrait devenir visible à travers eux : un nouveau départ et une confiance dans des relations complètement insécurisées ; un nouveau sens de la vie à travers la vallée sombre que nous traversons de temps en temps pour mener une expérience nouvelle avec Christ, trouver la clarté par une décision de grande portée.
 

Il se peut que Dieu nous rencontre ici même, maintenant,  et nous appelle à quelque chose de nouveau : faisons silence et écoutons-le. Amen.

 

 

PRIÈRE

DIEU vivant, Tu es incroyable pour nous - et merveilleux !

Tout ce que tu as fait est beau, chacune et chacun d'entre nous, toute ta création – mais celle-ci est marquée par la souffrance et la culpabilité !

Comment imaginer notre avenir ?  Regarde-nous !

Nous venons à toi avec nos histoires de vie, nos espoirs et nos capacités si différentes, avec bonheur et fragilité. Ton amour s'est gravé dans nos cœurs,

Tes yeux nous regardent. Nous nous confions à toi.

S'il te plaît, couvre de ta miséricorde là où nous nous sommes rendus coupables les uns envers les autres, ainsi que toute l'histoire de notre insuffisance personnelle.

Trouvons des moyens qui nous aideront. Aie pitié de tous tes enfants humains !

DIEU de toute espérance,  nous te confions aujourd’hui toutes celles et ceux qui ont perdu tout espoir, qui n’ont plus de but dans leur vie.

Nous pensons aussi à toutes celles et ceux qui sont dans l’angoisse de la maladie du coronavirus, celles et ceux qui en souffrent déjà : sois à leurs côtés et remplis-les de ton amour.

Nous Te demandons de nous fortifier avec le courage et l'esprit de Jésus-Christ.

AMEN